Réparation des inégalités femmes/hommes : un concept révolutionnaire et rentable !

Réparation des inégalités femmes/hommes

Vous vous souvenez de la déclaration de Macron du 25 novembre 2017 où il érigeait les droits des femmes et l’égalité femmes/hommes comme « Grande cause du quinquennat » ? Entre une loi sur l’égalité des rémunérations non appliquée et une taxe rose niée par le gouvernement, on est loin du compte… Parce que le gouvernement ne propose que des mesurettes qu’il n’applique même pas, avec Noam Lumumba, un autre membre de La Guillotine Saintaise, nous avons décidé d’aller plus loin. Nous revendiquons carrément la réparation des inégalités et lançons une campagne inédite : The 2 % Women Act ! On vous explique le concept et comment une telle mesure peut être très rentable pour l’économie.

État des lieux des inégalités femmes/hommes en France

En France, les injustices entre femmes et hommes sont nombreuses. Très (trop) nombreuses… Pour calculer le montant de notre réparation des inégalités, nous avons choisi de nous concentrer sur celles qui ont un impact financier direct pour les femmes.

La taxe rose : une injustice flagrante, minimisée, voire niée par l’État

Taxe rose

La taxe rose correspond à la différence de prix entre les biens et services destinés aux femmes et aux hommes. Rasoirs, déodorants, shampooings, coupe chez le coiffeur, jouets pour les filles, etc. Les femmes doivent dépenser jusqu’à 40 % de plus pour réaliser le même achat.

Alors que de nombreux pays documentent et condamnent la taxe rose, la France, pays fondamentalement patriarcal, reste dans le déni. Un rapport gouvernemental publié en 2015 avait même conclu que la taxe rose « ne serait pas avérée » alors que l’association Georgette Sand dénonce depuis dix ans une « injustice économique systémique ».

Pourtant, il est tout à fait possible de chiffrer le coût de la taxe rose. D’après une étude réalisée aux États-Unis, en 1995, elle représentait une charge annuelle supplémentaire de 1 350 $ pour chaque femme. Mais en France, quand on veut nier une réalité, on ne l’étudie tout simplement pas !

L’écart salarial criant entre les femmes et les hommes

Les écarts de salaires restent considérables malgré les lois successives. Selon l’Insee, en 2023 les femmes touchaient en moyenne 22,2 % de moins que les hommes, 14,2 % à temps de travail égal et 3,8 % à emploi comparable.

Écart salarial femmes/hommes

Et les inégalités salariales s’amplifient avec l’âge : les femmes de plus de 60 ans perçoivent jusqu’à 24,9 % de moins que leurs collègues masculins. Les interruptions de carrière, le temps partiel imposé et les discriminations à la promotion expliquent en partie cet écart, aussi bien dans le privé que dans le public ! 

Mais au-delà de la perte de revenus immédiate, cette inégalité a un effet durable sur la retraite : en effet, qui gagne moins cotise moins ! Les femmes perçoivent ainsi une pension inférieure de 40 % à celle des hommes. Une injustice qui devrait s’amplifier avec la dernière réforme des retraites et l’allongement de la durée du travail…

Pourtant, l’article L. 3221-2 du Code du travail est clair : « Tout employeur assure, pour un même travail ou pour un travail de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes. » En cas d’injustice avérée, l’article L.3221-7 indique que l’employeur peut être condamné à dédommager l’intégralité du préjudice subi par la salariée. SaisirPrudhommes.com liste d’ailleurs tous les recours possibles. C’est toujours bon à savoir ! 😉

Focus sur les violences intrafamiliales

Les inégalités de salaires et la précarité financière qui en découle ont de lourdes conséquences pour les femmes et les enfants victimes de violences. L’insécurité financière est bien souvent un frein à la liberté. De nombreuses victimes restent au domicile, à subir coups, injures et violences psychologiques parce que leurs finances ne leur permettent tout simplement pas de quitter le domicile. 

Alors que l’État ne remplit déjà pas son rôle de protecteur et que les violences intrafamiliales ne cessent d’augmenter, il enfonce le clou. D’après la Fondation des Femmes, les subventions publiques dédiées aux associations féministes ont diminué de 15 %. La Fondation lance un véritable cri d’alerte. Cette coupe budgétaire met en danger des milliers de femmes !

Loin de résoudre le problème, une réparation des inégalités est donc aussi une mesure d’émancipation. En redonnant du pouvoir d’achat et une sécurité financière aux femmes, elle renforcerait leur autonomie et leur capacité à se protéger.

Une compensation de 2 % en guise de réparation des inégalités, une idée saugrenue ?

Égalité femmes/hommes

Loin de là… On vous explique pourquoi avec des chiffres et des avantages concrets.

Les chiffres pour une réparation acceptable des inégalités

Nous avons estimé le coût annuel moyen des trois inégalités citées précédemment. Les montants sont volontairement minimisés, car, comme nous l’avons dit, il n’existe pas d’étude sur la taxe rose en France. 

Nous nous sommes donc basé·es sur le chiffre de 1350 $ de l’étude californienne de 1995, auquel nous avons ajouté un taux d’inflation sur la période de 117.83 %. Ce qui nous donne 2940,67 $ en 2025, soit 2521,91 euros. Le coût de la vie étant en moyenne 30 % supérieur à celui de la France, notre base de calcul est donc de 1764,70 €.

Tranche d’âgeTaxe rose/anÉcart salarial (net/an)*Total estimé/an
18 – 24 ans1764,70 €960 €2 724,70 €
25 – 39 ans1764,70 €2 364 €4 128,70 €
40 – 49 ans1764,70 €5 052 €6 816,70 €
50 – 59 ans1764,70 €7 824 €9 588,70 €
60 – 64 ans1764,70 €11 244 €13 008, 70 €

* Source : Insee, secteur privé en 2023

D’après les derniers chiffres de l’Insee, le nombre de femmes en France en 2019 était de 34,6 millions de femmes (soit 30 374 062 femmes entre 25 et 65 ans). Pour calculer le coût global des inégalités, nous avons reparties les femmes en âge de travailler par tranches :

Tranche d’âgeNombre estimé de femmes (2019)Coût global annuel estimé en euros
18 – 25 ans4 680 23112,76 milliards
26 – 35 ans6 014 09324,83 milliards
36 – 45 ans6 558 43044,71 milliards
46 – 55 ans6 537 38062,71 milliards
56 – 65 ans6 583 92885,65 milliards

Ce qui nous donne un total d’environ 230 milliards d’euros par an. Une somme astronomique !

Une taxe symbolique, mais un geste fort en faveur des femmes

Nous avons décidé d’être très en deçà de la réalité, car il ne s’agit pas de « guillotiner » les entreprises et l’État, mais juste de leur appliquer une « petite coupe de cheveux ». Guillotin le premier n’aurait pas apprécié, lui qui était un fervent défenseur de l’abolition de la peine de mort !

Nous en avons conscience, la juste réparation des inégalités est impossible. C’est pourquoi nous ne demandons que 2 % payables sur 5 ans (dans un premier temps).

Chaque année, les femmes âgées de plus de 18 ans recevraient un chèque dont le montant serait calculé en fonction de leur âge, des dépenses supplémentaires dues à leur genre et des pertes salariales correspondantes. Par exemple, une femme de 50 ans recevrait un chèque annuel de  623,75€, selon le calcul suivant :

  • 7 ans (de 18 à 25 ans) à 2 724,70 € par an, soit  19 072,90 €.
  • 9 ans (de 26 à 35 ans) à 4 128,70 € par an, soit  37 158,30 €.
  • 9 ans (de 36 à 45 ans) à 6 816,70 € par an, soit 61 350,30€.
  • 4 ans (de 46 à 50 ans) à 9 588,70€ par an, soit  38 354,80 €.

Au total, le montant estimé pour cette femme est de 155 936,30€. 2 % de cette somme équivaut à  3 118,73 €, reversée sur 5 ans, soit  623,75€ par an. Ce qui représente une goutte d’eau symbolique, mais à forte portée politique.

Le financement de la réparation des inégalités

Le coût total de la réparation de 2 % s’élève à 4,6 milliards d’euros (2 % de 230 milliards d’euros). Ce qui représente 0,16 % du PIB ([4.7/2917]*100) ou 0,8% du budget général de l’État en 2025. À titre de comparaison, les aides publiques aux entreprises sont de plus de 270 milliards par an, sans aucune contrepartie ni justification. 

Non seulement la taxe que nous demandons est très minime, mais nous proposons même deux leviers de financement tout à fait possible :

  • L’État, en raison de sa responsabilité juridique dans la non-application des lois existantes et parce que cette mesure est rentable macroéconomiquement.
  • Les entreprises, via l’application réelle des amendes pour non-respect de l’égalité salariale (59 % des entreprises ne respectent pas la loi).

L’inégalité salariale, une aberration sociétale et économique

L’inégalité salariale est l’un des symptômes les plus persistants dans ce monde patriarcal où les femmes sont jugées inférieures.

Une inégalité choquante dans une société qui se dit égalitaire

En premier lieu, refuser à une femme un salaire équivalent à celui d’un homme, c’est nier le principe fondamental d’égalité inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. C’est aussi perpétuer l’idée que les femmes doivent se contenter de moins. Dans un système conçu par et pour les hommes, elles doivent encore et toujours négocier pour ce qui devrait leur être dû de plein droit.

En entretenant ces écarts, la société maintient les femmes dans une forme de précarité économique et de dépendance. L’inégalité salariale n’est rien de plus qu’un instrument de la domination masculine. Malgré des décennies de luttes féministes et une législation claire en matière d’égalité de rémunération, la société française continue pourtant de tolérer une injustice flagrante qui touche plus de la moitié de sa population. Une contradiction affligeante pour un pays qui se veut le défenseur des droits humains et qui est capable de donner des leçons de morale aux autres pays…

L’égalité salariale : une mesure bénéfique pour toutes et tous

Au-delà du bénéfice évident d’une égalité salariale pour les femmes, c’est toute la société qui en tirera profit.

  • C’est bon pour l’économie. Même la Fondation Concorde, pourtant ultralibérale l’affirme : les inégalités salariales nuisent gravement à l’économie française avec un manque à gagner de 33,6 milliards d’euros par an !
  • C’est bon pour la consommation, la croissance et l’emploi. C’est mathématique, une meilleure répartition des revenus génère automatiquement une hausse de la consommation. Toujours d’après la Fondation Concorde, les dépenses des ménages augmenterait de 22 milliards d’euros. Ce qui entraînerait une hausse du taux de croissance économique de 0,16 point, et donc une augmentation de l’investissement des entreprises. L’ensemble de ces évolutions permettrait de créer 26 000 emplois supplémentaires par an.
  • C’est bon pour le budget de l’État et pour les caisses de la Sécurité sociale. Cette croissance inopinée aurait bien sûr des répercussions sur les recettes de l’État et de la Sécu :
    • C’est 3,83 milliards d’euros de TVA supplémentaires.
    • 5,4 milliards d’euros d’impôts sur le revenu en plus.
    • Et une hausse des cotisations sociales (salariales et patronales) de 24,4 milliards d’euros.
  • C’est bon pour les politiques RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Puisque les entreprises cherchent à redorer leur blason avec des démarches RSE qui souvent s’apparentent à du greenwashing, la réparation des inégalités leur offre l’opportunité de prendre une mesure concrète et réellement d’intérêt général. 

Réparation des inégalités : quid des tâches domestiques

Inégalités des tâches domestiques

Nous avons délibérément laissé l’impact du travail domestique en dehors de nos calculs, car il est difficilement quantifiable économiquement. Toutefois, il reste une réalité bien concrète pour de nombreuses femmes et la cause indirecte d’une précarité économique souvent subie.

D’après Oxfam France, « 42 % des femmes disent qu’elles ne peuvent avoir un travail rémunéré en raison de la charge trop importante du travail de soin qu’on leur fait porter dans le cadre familial ». Encore aujourd’hui, les femmes assurent plus de 3/4 du travail domestique non rémunéré. Même en activité professionnelle, elles consacrent chaque jour trois heures aux tâches domestiques contre 1 h 45 pour les hommes.

De nombreux pays avancent dans la reconnaissance des tâches domestiques, avec des procès à la clé :

  • En Espagne, le tribunal de première instance a condamné un homme à verser une indemnité de 204 624,86 € à son ex-épouse, « à titre de compensation pour le travail domestique non rémunéré effectué à domicile » pendant leurs 20 ans de mariage.
  • Au Portugal, un homme a été condamné à verser un dédommagement 60 782 € à son ex-épouse pour compenser ses heures passées aux tâches domestiques au cours de leurs 30 ans de mariage.
  • En Chine, une femme a obtenu près de 6 400 € pour les tâches ménagères effectuées pendant ses cinq années de mariage.

La France quant à elle, est non seulement encore et toujours à la traîne, mais le sujet rencontre une obstruction systématique. En voici un bel exemple dans cet article d’Actu-Juridique où une avocate au barreau de Paris ironise sur la proposition de Sandrine Rousseau, pourtant très avant-gardiste, qui souhaitait créer un délit de non-partage des tâches domestiques.

Réparation des inégalités, êtes-vous prêt·e ? Donnez votre avis !

C’est un fait, entre la négation de la taxe rose, l’impact de la charge mentale dénié par une partie de la population et la persistance des écarts salariaux, la France n’évolue pas dans le bon sens. Pour info, selon le rapport 2016 du Forum économique mondial, l’égalité des salaires entre hommes et femmes ne sera pas atteinte avant 170 ans, ce qui amène à l’année 2186 !

On entend beaucoup trop souvent l’avis des politiques et des bourgeois, féroces défenseurs d’un modèle capitaliste et patriarcal. Mais concrètement, le pays n’est-il pas prêt pour ça ? N’est-on pas, toutes et tous, prêt·es à vouloir, maintenant, une réparation des inégalités au lieu d’attendre des années une prétendue avancée.

La Guillotine Saintaise vous donne la parole à travers un sondage qui ne demande qu’à être partagé partout autour de vous ! Avant d’y répondre, prenez bien le temps de lire l’article en entier. Les arguments développés sont essentiels pour vous permettre de prendre une décision éclairée.

The 2 % Woman Act

Parce qu’il n’est bien sûr pas question d’en rester là, nous prévoyons de lancer une campagne nationale qui ouvre le débat sur la réparation. Seulement, seul·es, nous n’irons pas loin. Pour obtenir un écho national, voire européen, nous avons besoin de partenaires. Si vous êtes une organisation engagée pour les droits des femmes, contactez-nous : guillotinemedia@proton.me.

⚠️ Attention ! ⚠️
Il ne s’agit pas ici d’accréditer un système. Bien au contraire ! Réparer, c’est bien, mais nous savons pertinemment que ça ne résoudra pas le problème. En France, les inégalités systémiques entre les femmes et les hommes sont bien ancrées.

Non, nous ce que nous voulons, c’est un réel engagement vers l’égalité.
👉🏾 En premier lieu, que l’État prenne ses responsabilités et applique réellement la loi sur l’égalité des rémunérations.
👉🏾 Ensuite, que les entreprises respectent la loi et que les femmes puissent enfin prendre leur place dans les instances de décision.
👉🏾 Mais aussi que les hommes assument leur part de charges au sein de leur foyer.
👉🏾 Enfin, que soient interdits les différences de prix basées sur le genre pour un même produit ou service. 

Bien sûr, si rien ne change, la taxe sera renouvelée tous les 5 ans. D’autant plus que si l’égalité salariale était réellement appliquée, les 168,74 milliards d’euros supplémentaires engrangés sur 5 ans permettraient entre autres :
✅ La réduction totale des déficits des régimes de retraite, de la sécurité sociale et de l’assurance chômage.
✅ Ainsi qu’une réduction annuelle de 50 % de notre déficit public.

Réparer, c’est investir pour l’avenir !

Hormis certains extrémistes religieux et/ou masculinistes qui ne supporteraient pas de voir leur mère, leur femme ou leur(s) fille(s) s’émanciper, tout le monde est gagnant dans l’histoire. Notre concept de réparation des inégalités est non seulement unique, mais ses avantages sont immenses pour toute la société. Nous mettons même au défi n’importe quel économiste de nous prouver le contraire !

Ses bénéfices dépassent largement le cadre individuel : ils concernent l’économie, la société et la démocratie elle-même. Car, en définitive, réparer les inégalités, ce n’est pas punir, c’est corriger une dette historique et investir dans un futur plus équitable.